Apprendre le respect et la responsabilité à travers le nettoyage – Le message des écoles japonaises au monde

soji japon

Cette fois-ci, nous nous intéressons à la culture unique du nettoyage dans les écoles japonaises, souvent appelée « Soji ». Ces dernières années, l’approche japonaise du nettoyage scolaire a attiré l’attention dans plusieurs pays, tels que l’Égypte et Singapour, où l’idée que le nettoyage par les élèves puisse avoir un impact positif sur leur éducation gagne en popularité. De plus en plus d’écoles dans ces pays encouragent les élèves à participer activement au nettoyage. Dans cet article, nous explorerons en détail ce qu’implique le nettoyage dans les écoles japonaises et les effets qu’il peut avoir, en partageant également mes propres expériences en tant que Japonais sur la culture du « Soji ».

Différences culturelles entre le Japon et la France concernant le « nettoyage »

Les différences culturelles et sociales peuvent grandement influencer la perception et les valeurs associées au nettoyage.

En France, il existe une notion selon laquelle on ne devrait pas prendre le travail des agents de nettoyage, et que les étudiants devraient se concentrer sur leurs études, laissant le nettoyage aux professionnels. De plus, du point de vue de la «société de classes», le travail de nettoyage est parfois considéré comme étant réservé aux personnes de classe inférieure, voire aux esclaves. Cela peut entraîner une réticence à faire participer ses propres enfants au nettoyage.

En revanche, au Japon, l’idée que «nettoyer son propre espace est naturel» est largement acceptée. Dès l’école primaire, des temps de nettoyage sont intégrés dans le programme scolaire, et les élèves nettoient leurs classes et les espaces communs de l’école. Cette pratique contribue à développer un sens de la responsabilité individuelle et de la conscience communautaire. De plus, la culture japonaise considère souvent le jugement des gens selon leur profession comme absurde, percevant toutes professions, avocats ou agents de nettoyage, comme également honorables.

Ainsi, les attitudes envers le nettoyage et les tâches de nettoyage varient considérablement en fonction du contexte culturel, influençant les valeurs sociales, l’éducation et la perception des professions. Ces différences entre cultures reflètent les histoires, valeurs et systèmes éducatifs profondément enracinés dans chaque société.

Le nettoyage dans les écoles japonaises

Dans le système éducatif japonais, du primaire au lycée, il est courant que les élèves réalisent eux-mêmes le nettoyage quotidien. Après le déjeuner, les élèves déplacent les tables d’un côté de la classe et procèdent au nettoyage des salles de classe et des couloirs, à la collecte des ordures, au nettoyage des toilettes et à l’essuyage des sols avec des serpillières. Le personnel enseignant participe également aux activités de nettoyage et supervise les élèves. Cette pratique est profondément ancrée dans la vie scolaire et est rarement remise en question. Les équipements et fournitures scolaires sont considérés comme des biens communs, et l’idée prévaut que, après utilisation, ils doivent être rendus dans un meilleur état pour ceux qui les utiliseront ensuite, ou bien parce qu’ils sont considérés comme empruntés, ils doivent être rendus dans de meilleures conditions. À travers ce processus, les élèves développent un sens de la responsabilité, de la coopération et un respect pour les objets.

Mon expérience

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Quand j’avais 11 ans, en cinquième année d’école primaire, nous avions un cours particulier toutes les deux semaines où les élèves, les enseignants et les parents volontaires formaient des équipes pour ramasser les déchets dans les rues de notre quartier. Armés de pinces et de sacs poubelles, nous ramassions divers types de détritus, tels que des bouteilles en plastique tombées dans les caniveaux ou des mégots de cigarettes jetés sur les trottoirs, que nous triions et mettions dans les sacs pour ensuite les ramener à l’école. C’est finalement le professeur qui se chargeait de l’élimination finale des déchets. Nous formions des groupes de cinq à six personnes et, tout en parcourant un itinéraire prédéterminé, nous saluions les passants. Avec le recul, je trouve que cette activité était très enrichissante. Le fait de voir des enfants nettoyer les rues a peut-être fait hésiter les adultes à jeter leurs déchets par terre.

Dans beaucoup de cas, ce genre d’activité est optionnel, mais dans notre cas, il faisait partie intégrante du programme scolaire, ce qui signifie que nous n’avions pas le choix de ne pas y participer. En conséquence, toute la classe prenait part à cette activité de ramassage des déchets. Le fait qu’elle soit incluse dans notre programme nous a donné à tous l’occasion de contribuer au nettoyage de notre communauté et, ce faisant, de développer une conscience et un sens des responsabilités envers l’environnement. Cette expérience a été un apprentissage précieux pour nous tous, offrant non seulement l’opportunité de contribuer à la société, mais aussi de réaliser l’importance de l’unité et de la collaboration.

L’origine de la culture du nettoyage au Japon

La culture du nettoyage dans les écoles japonaises est une tradition profondément ancrée dans la vie quotidienne, dont les origines peuvent être attribuées à deux éléments clés. Le premier est lié à la pratique des traditions japonaises connues sous le nom de « la voie », telles que les arts martiaux (kendo, judo) et les arts traditionnels (ikebana, cérémonie du thé). Dans ces disciplines, le nettoyage du lieu de pratique est considéré comme un entraînement spirituel important, nettoyer le dojo est vu comme une manière de polir son esprit et son corps.

Le second élément trouve son origine dans les enseignements bouddhistes, où la pratique spirituelle est souvent décrite comme « premièrement les tâches ménagères, deuxièmement la pratique assidue et troisièmement l’étude ». Dans ce contexte, les « tâches ménagères » font principalement référence au nettoyage et aux tâches quotidiennes diverses. Ainsi, dans le bouddhisme, le nettoyage est considéré comme un élément central de la pratique spirituelle, parfois même prioritaire par rapport à d’autres pratiques ou études.

Sur la base de ces fondements, au Japon, il a longtemps été important de maintenir son espace de vie propre, et cet esprit a été intégré dans l’éducation scolaire. À travers les activités de nettoyage à l’école, les élèves apprennent la responsabilité personnelle, la coopération, l’empathie et l’importance de maintenir en ordre l’espace commun par leurs propres efforts. Une telle éducation est considérée comme ayant un impact significatif sur la socialisation des Japonais et l’esprit de coopération au sein du groupe.

Conclusion

Voici un résumé de la différence culturelle entre le Japon et la France concernant le nettoyage dans les écoles, mettant en évidence comment l’éducation détermine les normes de pensée nationales.

Au Japon, les activités de nettoyage menées par les élèves dans les écoles jouent un rôle clé dans le développement de valeurs sociales telles que la responsabilité, la coopération et l’empathie. Cette pratique enseigne l’importance de maintenir propre son environnement et de respecter les espaces partagés. Enracinée dans les enseignements du Bouddhisme et la philosophie des « voies » telles que le kendo et le judo, cette culture de nettoyage va au-delà de la simple propreté pour encourager la croissance spirituelle et l’amélioration de soi.

En contraste, dans d’autres pays, y compris la France, il est moins courant que les élèves participent au nettoyage des écoles, cette tâche étant généralement déléguée à un personnel spécialisé. Cette différence reflète les variations culturelles dans les contenus et objectifs éducatifs, ainsi que les perceptions des classes sociales et des professions. Dans les sociétés où le nettoyage est considéré comme une tâche pour les classes inférieures, l’idée de faire nettoyer les enfants peut être vue différemment.

Ainsi, la manière dont le nettoyage est intégré dans l’éducation révèle des différences profondes entre les cultures, les histoires et les valeurs. Les valeurs transmises par l’éducation jouent un rôle fondamental dans la formation des générations futures et dans la construction de la société. À travers les exemples du Japon et de la France, on peut observer l’importance cruciale de l’éducation dans la transmission des cultures et des valeurs.

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